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Pensez-vous que l'ultralibéralisme, qui a, en quelque sorte, trouvé sa ? place ? aux ?tats-Unis, se retournera contre le pays qui l'incarne le plus ?

Au fond trop peu de gens font [url=http://www.vivid-host.com/barbour.htm]www.vivid-host.com/barbour.htm[/url] de la recherche sur le déclin des ?tats-Unis. Jusqu'ici c'était du domaine de l'impensable. Le cyclone Katrina aura-t-il débloqué la situation, amorcé un retournement durable de la perception des ?tats-Unis par le monde extérieur ? Les chercheurs, économistes notamment, vont-ils se mettre au travail sur ce processus historique extraordinaire ? Ou va-t-on de nouveau lire, d'ici quelques semaines [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]jordan pas cher[/url] dans les revues [url=http://www.1855sacramento.com/peuterey.php]peuterey outlet[/url] économiques et financières, que 700 milliards de déficit commercial annuel, c'est un signe de

En tirez-vous déjà des conclusions [url=http://www.getconversational.com]hollister france[/url] pour les décennies à venir ?
Selon Emmanuel Todd, auteur de Après l'empire, le pays de Bush ne sait plus répondre aux défis et vient de montrer une inefficacité aussi spectaculaire que meurtrière à La Nouvelle-Orléans comme à Bagdad.

dynamisme ?


Entretien réalisé par Jacques Coubard
et aujourd'hui il voisine les 750 milliards, on a l'impression d'une perte de contr?le. Le déficit est devenu important sur les échanges de biens de technologie avancée. Boeing, General Motors et d'autres sont en difficultés et l'on ne peut qu'être frappé par le manque de réactions technologiques et industrielles des ?tats-Unis. C'est l'opposé du lieu commun qui nous assure que l'Amérique est, par essence, le pays qui rebondit. Or l'Amérique ne rebondit pas, ne se montre pas capable de répondre aux défis, de faire des économies d'énergie, de faire face à une concurrence aéronautique sérieuse, etc.


Mais l'ouragan a aussi eu pour conséquence de révéler une pauvreté largement ignorée, alors que les dernières statistiques officielles montrent qu'elle a augmenté depuis trois ans. Le pouvoir d'achat a reculé et les disparités sont maintenant abyssales entre le 1 % des plus riches et les plus démunis. Il s'agit de choix politiques de l'oligarchie fondés sur l'idéologie de l'individualisme, du chacun pour soi, du marché qui règle tout - que vous dénonciez dans Après l'empire. N'ont-ils pas pesé plus lourdement avec la réduction des imp?ts pour les grandes fortunes, l'hémorragie des dépenses publiques, les brèches dans ce qui restait du système de protection sociale, pour aboutir à l'indifférence au sort des populations de la Louisiane ?
Emmanuel Todd. J'ai énormément travaillé sur les rapports qui peuvent exister entre les structures familiales traditionnelles, diverses selon les pays, et les idéologies politiques de l'époque moderne. Le communisme russe m'apparaissait comme une transposition idéologique de la très massive famille paysanne russe, le libéralisme anglais [url=http://www.sandvikfw.net/shopuk.php]hollister sale[/url] comme une transposition de la très nucléaire famille paysanne anglaise. En tant que citoyen critique de l'ultralibéralismek, j'étais arrivé à la conclusion que s'il n'était pas possible de l'appliquer dans les pays d'Europe continentale, le modèle était compatible avec le fond anthropologique nucléaire et individualiste américain ou anglais. J'ai désormais l'impression qu'aux ?tats-Unis, même pour une population à structure anthropologique très individualiste, l'ultralibéralisme n'est pas supportable, qu'il est invivable et destructeur. Une société sans intégration collective, sans sécurité collective n'est pas pensable. L'individu seul n'existe pas. Il n'existe pleinement que dans une société ayant des mécanismes de solidarité. Si l'on veut nier la sécurité sociale et l'?tat, on finit par se retrouver avec une sorte de retour du refoulé, le pire du sentiment collectif : la croyance raciale, la militarisation, la guerre.

Est-ce une confirmation de vos thèses précédentes ? Est-ce que cette tragédie n'apporte pas des éléments nouveaux à l'analyse faite il y a cinq ans ?
Emmanuel Todd. Il faut tenter de faire de la prospective. On peut imaginer que les ?tats-Unis reviennent à un modèle de type européen, mais on doit aussi envisager un phénomène de désorganisation, une descente accélérée. Il m'arrive même, ces jours-ci, de spéculer sur ce que serait l'Amérique du Nord si le système étatique américain se fragmentait. Imaginer une rupture territoriale. Je ne parle pas d'un futur certain ni même probable mais d'un futur possible parmis d'autres futurs possibles. Avant Katrina j'imaginais un retour des ?tats-Unis à la norme commune par l'affaiblissement du dollar. Maintenant, je pencherais plut?t pour un effondrement de l'appareil militaire qui précéderait la chute du dollar. Ce revirement prospectif est aussi d? à un facteur externe : la victoire du ? non ? au référendum fran?ais a très certainement rajouté [url=http://www.getconversational.com]hollister pas cher[/url] quelques années de vie au dollar en créant une incertitude sur l'euro.
Avant Katrina, le sympt?me le plus intéressant a été l'évolution de la mortalité infantile. J'avais noté, dans Après l'empire, que l'Amérique était aux derniers rangs des pays développés, mais sans hausse de la mortalité infantile, comme en Russie entre 1970 et 1974. Mais entre 2001 et 2002, selon les derniers chiffres disponibles, la mortalité infantile a légèrement augmenté. Pour moi, c'est sur cet arrière-plan de désorganisation industrielle et sociale que Katrina est apparu, et qu'une planète médusée a eu la révélation d'un concept historique nouveau : l'inefficacité américaine, désormais aussi spectaculaire à La Nouvelle-Orléans qu'à Bagdad. Avec les mêmes résultats meurtriers.


Anthropologue, historien, ingénieur de recherche à l'Institut national [url=http://www.par5club.com/louboutin.php]louboutin pas cher[/url] d'études démographiques, Emmanuel Todd a publié en 2002 Après l'empire, essai sur la décomposition du système américain. Il s'interrogeait, à partir d'une analyse de l'évolution de la société américaine, de son modèle social (? un modèle spécifique de capitalisme dérégulé ?), sur son absence de dynamisme industriel et la thé?tralisation de sa puissance militaire. Il formait l'hypothèse d'un reflux de la puissance hégémonique des ?tats-Unis. Qu'ajoute aujourd'hui à sa réflexion ce que révèle l'incapacité du gouvernement américain, son ? indifférence passive ?, selon le mot du sénateur Obama (le seul sénateur afro-américain) cette non-assistance à population en danger ?

Emmanuel Todd. Après l'Empire était apparu comme très provoquant parce que tout le monde considérait alors l'hyper-puissance américaine comme une réalité indiscutable. Mais je me contentais de montrer la fragilité de la domination des ?tats-Unis et la vraisemblance du retour à un monde multipolaire. Je n'envisageais nullement une crise à la soviétique. Les ?tats-Unis étaient caractérisés, croyais-je encore, par une certaine souplesse d'adaptation, bien différente de la rigidité de l'économie centralisée de l'URSS. Katrina n'est, pour moi, que la dernière manifestation [url=http://www.achbanker.com/home.php]hollister[/url] d'une crise [url=http://www.mansmanifesto.com]doudoune moncler homme[/url] plus grave que celle que j'envisageais. Les sympt?mes de désagrégation s'accumulent. Quand j'ai écrit l'Illusion économique, en 1998, le déficit commercial était à 100 milliards de dollars, à la publication d'Après l'Empire, il était de 450 milliards
Emmanuel Todd. Je suis d'accord, mais je pense qu'une des erreurs à ne pas commettre serait de se focaliser sur une équipe dirigeante. Pour moi, il s'agit d'une mécanique idéologique globale. L'Amérique est actuellement le dernier grand système dominé par une idéologie : celle qui dit que la collectivité n'est rien, que l'individu est tout. Ce qui est, paradoxalement, une croyance collective. Je suis fasciné par cette inversion de la situation connue par l'Union soviétique où la collectivité était [url=http://www.rtnagel.com/louboutin.php]louboutin pas cher[/url] tout et l'individu rien. Et voilà qu'aux ?tats-Unis appara?t un autre type d'autodestruction fondé sur le refus d'une vision pragmatique de [url=http://www.materialistanyces.com]louboutin[/url] l'homme, celle, banale, qui admet que l'individu et la collectivité sont des notions complémentaires plut?t qu'antagonistes. Ce qui est frappant, c'est [url=http://www.1855sacramento.com/woolrich.php]woolrich bologna[/url] le c?té foi du charbonnier de cette idéologie, cette croyance na?ve et absurde dans un marché qui régule tout. Ce qui me fascine, c'est que les classes supérieures, les classes moyennes et même une partie des classes dominées peuvent croire qu'en opérant sur des titres boursiers on opère vraiment sur la réalité. Qu'est-ce qui fait qu'on ne per?oit pas que cela n'a plus rien à voir avec des questions d'efficacité industrielle. Et plus le dollar tient le coup gr?ce à l'afflux des capitaux étrangers, plus l'industrie américaine sera anémiée par ce système. Plus cette pompe à finance fonctionnera longtemps et plus la correction à la baisse sera dure pour les Américains. Elle sera peut-être dramatique pour tout le monde, mais inévitablement plus terrible pour les Américains que pour les Européens. Quand les échanges s'interrompent, il vaut mieux posséder les moyens de production et que les moyens de consommation.


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